Qu'est-ce que la maltraitance ?
La violence, généralement, émerge dans un contexte relationnel marqué par une domination ou un déséquilibre de pouvoir. Les violences conjugales surviennent dans tous les milieux et classes sociales indépendamment du niveau de formation, de l’appartenance ethnique et religieuse, des revenus, de l’âge et de l’orientation sexuelle. Toutefois, le jeune âge, les addictions, les problèmes économiques constituent des facteurs de vulnérabilité.
Il est inapproprié de limiter ou d'associer la maltraitance exclusivement aux actions d'un adulte ou aux sévices infligés à un enfant.
On peut affirmer que la maltraitance englobe toute altération physique ou atteinte psychologique, tout acte sexuel abusif ou toute forme de négligence envers un enfant, non attribuable à des circonstances accidentelles, mais résultant de l'action ou de l'inaction des parents, de toute personne ayant la responsabilité de l'enfant, ou d'un tiers. Ces situations peuvent entraîner des dommages tant sur le plan physique que psychologique.
Face à la complexité de définir la maltraitance, il est impératif de ne pas se retrouver isolé lors de l'évaluation de situations difficiles impliquant des enfants et des familles. En effet, des concepts tels que l'urgence, la souffrance, et dans ce cas précis, la maltraitance, comportent souvent une part importante de subjectivité. Chacun possède son propre vécu, ses expériences, et ses perceptions ; ce qui peut être considéré comme maltraitant pour l'un ne l'est peut-être pas pour un autre intervenant. De plus, des disparités culturelles existent, notamment en ce qui concerne les châtiments corporels ou le droit des enfants à s'exprimer librement. Ainsi, il est crucial de partager ses impressions, émotions, et ressentis avec un tiers, idéalement en dehors de son cadre professionnel.
Quels sont les différents types de maltraitance ?
La maltraitance physique
La violence physique englobe tout traumatisme corporel délibéré infligé aux enfants, tels que les coups (provocant des hématomes, des ecchymoses), les fractures, les morsures, les brûlures, ainsi que le syndrome du bébé secoué ou le syndrome de Munchausen par procuration.
La maltraitance psychologique
Les mauvais traitements psychologiques se manifestent par des interactions négatives envers l'enfant, incluant le dénigrement systématique, le rejet, les menaces, le chantage affectif, l'humiliation, les insultes répétées, les menaces d'abandon, les critiques constantes, l'absence prolongée d'attention bienveillante, le déni des besoins fondamentaux, ou encore son aliénation dans les conflits parentaux, voire la séduction et la perversion de la relation.
La maltraitance sexuelle
La maltraitance sexuelle envers les enfants implique leur participation à des activités sexuelles qu'ils ne sont pas en mesure de comprendre, inappropriées à leur âge et à leur développement, subies sous contrainte par violence ou séduction, ou transgressant les interdits fondamentaux en matière de rôles familiaux.
La négligence
La négligence, composante complexe de la maltraitance, est souvent liée à l'incapacité, à l'ignorance ou à la non-disponibilité des parents. Bien que l'intention de nuire ne soit pas toujours présente, la négligence peut se manifester dans divers domaines tels que l'alimentation, l'habillement, la surveillance, l'hygiène, l'éducation, la stimulation et l'accès aux soins médicaux.
La maltraitance institutionnelle
La maltraitance institutionnelle peut résulter de dispositions légales, de fonctionnements institutionnels ou de pratiques censées offrir aide et protection à l'enfant, mais qui deviennent maltraitantes lorsqu'elles ne respectent pas le rythme, les besoins et les droits de l'enfant et de sa famille. Le parcours institutionnel d'un enfant maltraité peut également devenir maltraitant, avec des placements instables, des retours en famille non préparés, des ruptures, des rejets successifs, des conflits avec les éducateurs ou les familles d'accueil, des difficultés comportementales, de l'agressivité et un sentiment d'injustice. Ces informations sont issues de l'édition 2005 de la brochure des Équipes SOS Enfants publiée par l'ONE.
Existe-t-il des signes permettant de déceler la maltraitance ?
Donner une liste de comportements ou de signes permettant de déceler la maltraitance peut être trompeur.
En effet, si dans la pratique nous retrouvons une série de signes récurrents tant physiques que psychologiques, certains enfants, pourtant victimes de mauvais traitements ou d’abus sexuels graves ne vont présenter aucun de ces symptômes. De même, un autre enfant pourra présenter l’un ou l’autre de ces symptômes sans que la cause en soit le mauvais traitement.
Les symptômes et signes d’appel sont, en effet pour la plupart, non-spécifiques de maltraitance. Cette non-spécificité implique d’interpréter ces constats les uns en fonction des autres, et surtout de tenir compte d’une accumulation de ceux-ci. Plus ces éléments sont nombreux, plus le diagnostic est probable et les violences potentiellement graves et chroniques.
En tous les cas, tout hématome ou lésion à répétition sur un enfant très jeune et particulièrement sur les nourrissons, nécessite une analyse plus approfondie tant sur le plan physique que sur le plan relationnel.
Pour plus d’informations, nous renvoyons au livre « L’enfant maltraité, le paramédical, le médecin » , dans lequel l’auteur s’est attaché à décrire les symptômes dans toute leur nuance.
De manière générale, les équipes SOS Enfants s’attachent tant au sentiment de malaise que l’intervenant peut éprouver face à une situation, qu’à des symptômes bien précis. Elles proposent aux professionnels de prendre contact avec elles pour exposer leurs inquiétudes et réfléchir ensemble à la situation.
Que faire face à une situation de maltraitance ?
En vertu du principe d’assistance à personne en danger, et comme l’article 3 du décret le précise, toute personne qui a connaissance d’une situation de danger doit y mettre fin:
Nous sommes bien dans l’obligation de faire quelque chose, activement et positivement, mais pas dans une obligation de résultat. L’intervenant doit mettre en place une action qui vise à faire cesser la maltraitance. Mais, du moins en ce qui concerne les situations de violence et de maltraitance intrafamiliale, l’intervenant concerné peut choisir soit d’agir personnellement, soit de faire appel à un service plus compétent.
Le législateur précise bien que c’est au professionnel lui-même d’estimer si pour remplir son obligation de porter assistance à personne en danger, il doit faire appel à une instance plus compétente.
Les institutions ou services auxquels l’intervenant choisit de signaler l'acte de maltraitance est laissé à son libre choix et ne sont pas énoncés de manière exhaustives. Cela peut être une équipe SOS Enfants, le conseiller de l’aide à la jeunesse, etc…. De même, si cela s'avère plus opportun, l’information peut se faire auprès des autorités judiciaires. Le choix de l'institution ou du service le plus approprié doit être réfléchi. Il doit répondre le plus adéquatement à la situation de maltraitance rencontrée.