Frein de langue de bébé : faut-il opérer ?
Opération du frein de langue : mon bébé est-il concerné ?
Vous n’avez jamais entendu parler du frein de langue ? Pas de souci, on vous explique ! Il s’agit d’une membrane fibromuqueuse qui relie la face ventrale de la langue au plancher de la bouche. Tout le monde en a un.
Toutefois, 4 à 10 % des nourrissons naissent avec un frein lingual restrictif, c’est à dire un frein qui réduit la mobilité de la langue. Mais c’est seulement chez 2 % d’entre eux (donc chez 0,8 à 2 nouveau-nés sur 1000, ce qui ne fait pas beaucoup de bébés) que ce frein peut entrainer des difficultés d’allaitement et justifier une intervention.
Il y a donc très peu de chances qu’une frénectomie soit indiquée pour votre bébé. Dans tous les cas, la décision de réaliser cette intervention exige un haut niveau de compétence clinique et de discernement, et il est recommandé de vous adresser à votre pédiatre ou à votre médecin traitant. Celui-ci pourra en effet coordonner l’avis multidisciplinaire nécessaire.
Opération du frein de langue : est-ce une mode ?
Malheureusement, il semblerait que depuis quelques années, on assiste à une augmentation exponentielle du nombre de frénectomies. Entre 2019 et 2020, le nombre de frénectomies a doublé ! Et cette tendance ne se limite pas à la Belgique…
Opération du frein de langue : comment ça se passe, combien ça coûte ?
La section de frein est réalisée aux ciseaux ou au laser, et peut être douloureuse.
Pendant quelques semaines avant et après l’opération, il est recommandé aux parents de réaliser des stimulations et des massages de la zone concernée (avant et après incision), plusieurs fois par jour. Intrusif et parfois douloureux pour le bébé.
Il faut compter 350 à 1000 euros, en majeure partie non remboursés par les mutuelles.
Opération du frein de la langue : quels risques ?
Non seulement cette opération peut s’avérer inutile, ne pas apporter l’amélioration souhaitée, et avoir occasionné au passage du stress chez les parents et le bébé, mais elle peut aussi avoir, dans certains cas, des suites plus graves :
- interruption brutale de l’allaitement, et troubles alimentaires avec des répercussions sur la croissance, suite à la douleur de l’opération et au traumatisme qui peut en résulter
- des infections nécessitant parfois une hospitalisation
- des apnées obstructives pendant le sommeil
- des hémorragies
- des freins qui se reforment en cicatrisant, parfois plus fibreux, plus épais, formant une « bride cicatricielle »
En conclusion, la frénectomie n’est à priori pas la solution miracle que l’on peut vous présenter… Si vous rencontrez des difficultés depuis que vous êtes parent (rien de plus normal !), ou que vous êtes carrément à bout, n’hésitez pas à demander de l’aide. Nos Partenaires Enfants-Parents (PEP’s) et nos médecins sont là pour vous écouter, vous soutenir et vous conseiller.
Pour en savoir plus :
- Communiqué de presse de l'ONE du 30 mars 2022
- Bibliographie et la liste de spécialistes qui ont participé aux travaux du groupe de travail ONE entre mars 2021 et mars 2022
- Communiqué de l’Académie nationale de médecine du 26 avril 2022
- Communiqué de presse de l’association française de pédiatrie ambulatoire du 17 janvier 2022